Nos valeurs et nos convictions

Maille, tricot, eco-conception, mode durable
CR Sandra Renaux / EMP

"Un fil et des valeurs : l’Ecole de la Maille de Paris que j’ai créée en 2011 est bien sûr un lieu de formation au stylisme-modélisme maille mais aussi un lieu d’échange entre enseignant·e·s et élèves. Et croyez-moi, cet échange s’exerce dans les deux sens, ce qui fait de notre école un établissement un peu à part parmi les écoles de mode.

Nos élèves, les nouvelles comme les anciennes, me disent souvent que nous «cochons toutes les cases». Voilà pourquoi :

 

A l’École de la Maille nous avons dès l’origine mis en avant une mode éco-responsable. Nous parlons développement durable, recyclage des dérivés du pétrole, recherche de matériaux de substitution. J’aime découvrir les fils étranges que tricotent parfois nos élèves, algues et tapioca, mycélium ou même matériaux d’origine animale. Elles feutrent la laine pour y insérer ce qui nous apaise, ce qui sent bon. Et bien sûr, toute l’école, les enseignant·e·s et moi-même, nous récupérons au lieu de jeter.

 

Dans cette école, nous sommes très soucieux d’empathie. Je le répète souvent, la mode est aussi une affaire de partage y compris avec ceux qui n’ont rien ou peu. Nous travaillons ainsi régulièrement avec des associations de migrants, des écoles primaires, une recyclerie.

Et puis la mode est affaire de femmes. Sous l’influence des dernières promotions d’élèves, l’Ecole de la Maille aborde la mode sous un angle féministe, ce qui ne signifie pas militant, avec le souci de sortir de la frivolité traditionnelle et de s’appuyer sur la nouvelle génération de femmes.

Pour moi, style et culture sont intimement mêlés car « on ne fait pas de la mode qu’avec la mode ». Notre école intègre ainsi des cours d’histoire de l’art, de l’architecture et du design. Elle propose chaque année une quinzaine de visites de musées et d’expositions et quatre spectacles grâce à un partenariat avec le Théâtre de l’Odéon. J’ai cette fierté de faire découvrir à la fois le jacquard et Shakespeare à nos élèves, l’œuvre de Rothko et la double fonture.

 

Enfin la mode est un marché qu’il faut apprendre à connaitre, à pénétrer. Je ne souhaite pas que notre école soit hors du monde mais bien dedans, même s’il faut parfois prendre de la distance. Un cours de communication et un autre sur la responsabilité sociale des entreprises sont intégrés aux enseignements.

 

Toutes ces valeurs, ces convictions que nous défendons visent ainsi à former de jeunes stylistes, à la fois libres et responsables, qui sauront dans les années à venir influencer le marché de la maille et de la mode pour le porter davantage encore vers le respect des matières et des consommateurs."

 

Véronique Dupérier, janvier 2023