Le tricot machine.

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Elève de l'Ecole de la Maille, sur machine à tricoter. DR

Dans mon expérience de styliste maille, j’ai appris qu’il était essentiel de maîtriser le passage du dessin en 2D à la production en 3D. Avec la maille, on réalise des vêtements en volume, et pas à plat. Un·e styliste maille doit savoir réaliser les modèles qu'il·elle dessine, des modèles qui tiennent compte d’un cahier des charges, et des possibilités et limites offertes par la technicité des machines. C’est pourquoi nous pratiquons nos enseignements sur machine à tricoter, afin que dès la sortie de l’École, nos élèves aient une véritable connaissance des outils maille et puissent passer à l’échelle au niveau industriel.

 

Au début de l’année, je fais une séance sur l’historique de la maille, qui explique comment les machines « whole garment » (ou 3D) (180KE) permettent de tricoter un pull selon les traditions les plus anciennes du tricot main, en rond, à 4 aiguilles.

Puis les élèves de 3ème année vont chez Shima Seiki voir ces fameuses machines, et on nous explique que Monsieur Shima (qui est encore vivant, à la tête de l’entreprise, et qui a plus de 80 ans) ayant inventé la machine à tricoter des gants sans couture il y a plus de 50 ans, s’est dit qu’il pouvait se servir de la même technologie pour tricoter un pull (et autres). Cela existe depuis une quinzaine d’années, on en trouve aussi chez Stoll, avec une technologie légèrement différente. Ces machines peuvent avoir 4 fontures pour tricoter en même temps des points qui nécessitent la double fonture. Elles sont reliées à des logiciels de tricotage qui permettent d’envoyer par mail un modèle directement tricotable sur la machine, si l’on a le même équipement que Stoll ou Shima ou d’autres. Ce sont des améliorations des machines à tricoter au cours des siècles (depuis 1589!!!) et en aucun cas des imprimantes 3D mais du tricot 3D.

A l’École, nous avons un logiciel de tricotage, le DK9, qui permet de se familiariser avec le matériel industriel, et certains élèves ont poussé plus loin en allant faire un stage chez Shima.

Pour le tricot lui-même, on peut faire du tubulaire sur nos machines, ce qui fait comprendre comment c’est fait. Quant au tricot à la demande, c’est encore en gestation, mais industriellement, c’est une piste à développer.

Sinon, outre l’intérêt technologique qui est génial, cela permet de réduire les pertes de matière, mais aussi la main d’œuvre, ce qui offre des perspectives de (re)fabriquer en France.

 

Véronique Dupérier, avril 2023